Les L du désir avec L&L Products pour L'industrie Magnifique 2021. (Réalisé)

Les ailes du désir de Wim Wenders est un film mythique. Il évoque une période, une figure légendaire, rassurante, douce, sereine et protectrice.
L'entreprise L&L products, groupe américain, travaille sur des structures qui renforcent, qui insonorisent, qui fixent différents composants créés sur mesure, et alimentent les secteurs automobile et de l'aérospatiale notamment. Elle est présente au niveau mondial et propose des produits avec des technologies de pointe.

L'idée d'associer ces deux univers différents se fait d'abord par la sémantique, un jeu de mot, 2 L deviennent des ailes. La poétique du sens, l'imaginaire.
Au delà de la métaphore phonétique, utiliser, détourner un personnage emblématique, issu d'une culture populaire, est intéressante. Elle apparaît comme une idée d'un monde disparu : le mur de Berlin n'existe plus, mais son ancrage imaginaire dépasse l'époque de sa réalisation. Son caractère universel résonne comme un élément culturel partagé, un ange qui n'est pas religieux, un personnage qui veille sur les « vivants » est anachronique à notre époque. Il emprunte à notre civilisation sa capacité à produire et à jouer avec les mythes. Personnage baroque, régulièrement utilisé dans une culture aux frontières du kitch, cet ange cinématographique a une entité pop. Il s'agit donc d'un clin d'oeil, d'un hommage, d'une référence culturelle, d'une œuvre poétique questionnant de nombreux ressorts.

 

Benjamin Kiffel, artiste travaillant sur l'image et les représentations, qui aime détourner des symboles, se propose d'associer le savoir faire industriel de son mécène et sa vision poétique. Après avoir « explosé » les repères de la place Broglie en 2018 avec le groupe Béton Fehr, il interroge les registres d'une mémoire culturelle, détourne une iconographie fictive et légendaire.

Produire une sculpture monumentale dans une industrie est un geste fort. Fédérateur. Il associe les compétences techniques des différents départements de l'entreprise, au service d'une œuvre artistique. L'artiste transforme l'usage habituel de l'activité de son mécène et produit , de concert avec les salariés du groupe, une œuvre commune.

Un geste qui raconte une histoire, un symbole, un emblème.

Eriger un monument poétique et empli de significations - la sérénité, la bienveillance, le souci des autres - répond aux valeurs de l'entreprise. Porter ce message sur la place publique avant de le réintégrer au cœur même de l'usine valorise la coopération au sein des équipes, renforce le sentiment d'appartenance au groupe. Une sculpture qui magnifie les savoir-faire du mécène et met en lumière sa capacité créatrice. L'artiste tisse des liens au travers d'un projet commun.

 

La réalisation monumentale, au delà de son ADN technique, a également une portée poétique. Jouer des codes culturels et interroger le sens d'une sculpture dans l'espace public. Ce n'est pas une figure militaire ou un personnage historique , c'est un héros fictif, il transgresse les normes.

C'est un hommage au cinéma, à une vision poétique du monde. Le personnage est suffisamment mythique pour être reconnu, il est également suffisamment universel pour toucher les personnes ne connaissant pas la référence. Un ange bienveillant portant son regard sur les passants et les personnes en terrasse est un geste doux, rassurant, voire drôle. Il veille devant le café Berlin sur la place d'Austerlitz.

L'ange est aussi un symbole de pureté, de liberté, c'est en lui même une icône. La création se propose donc de jouer des codes culturels occidentaux, d'en détourner les symboles, d'ouvrir un espace imaginaire.

 

Les L&L du désir, c'est une évocation, une métaphore, un geste poétique.
Mettre en lumière une technicité, souvent invisible, mais essentielle, qui veille à la sécurité des usagers, à leur confort et surtout émouvoir.

L'oeuvre co-produite avec les équipes de L&L Products sera visible du 3 au 13 juin 2021 pour L'Industrie Magnifique. 

 

Benjamin Kiffel 


90+4 (2021)

 

Artiste, dont les réalisations mêlent la photographie, la video, des recherches sur la lumière, et des matières industrielles, j'aime interroger nos imaginaires, questionner les représentations et les symboles, jouer des codes culturels contemporains.

La construction d'un stade est un moment fort pour marquer une empreinte dans un lieu, un geste artistique le sublime encore davantage. Il donne du sens, invite à la réflexion et procure de l'émotion.

Depuis mon enfance, je suis un supporter fidèle et passionné du Racing. C'est donc un honneur pour moi d'imaginer un projet qui puisse s'inscrire dans l'histoire du lieu, en en incarnant une mémoire particulière, en imaginant un geste audacieux et onirique. Il s'agit de marquer une époque. De laisser une trace de cette formidable odyssée. Du passage du monde amateur à la reconquête du monde professionnel et de ses joutes à enjeu.

Une image qui symbolise ce parcours unique, un retour porté par ses racines, ses valeurs, sa passion. Un seul amour...

Dimitri Liénard est un symbole. Il représente, personnifie le passage du club dans les divisions amateurs et sa remontée progressive vers le professionnalisme. Son parcours atypique en fait un personnage attachant, frais, différent, pas encore calibré dans sa communication, où l'on peut le voir en interview après un coup franc lunaire synonyme de maintien, tout sourire répondre en direct à la télé, une bière à la main.

Incarnant, ces valeurs de courage, d'humilité, de sincérité, propres au monde amateur, et que le racing a su si bien garder ces dernières années. Des valeurs de travail. Des vertus qui collent bien à l'ADN du club aujourd'hui.

Jamais le Racing n'aura été tant aimé, même au delà de la frontière des Vosges. Il est loin le temps, où une victoire en coupe suscitait des commentaires désobligeants de leurs locuteurs. Aujourd'hui, depuis le passage en 5ème division, et fort de son soutien populaire, le club est devenu la mascotte des journalistes, qui se taisent pour écouter le chant des supporters, qui louent son caractère germanique, festif et populaire, ancré dans un territoire, fier de son identité. 

Dimitri en est le parfait symbole, l'anti Neymar par excellence, aux antipodes d'une image aseptisée, rendue lisse par les impératifs commerciaux. Dimitri est nature, vrai. Il a su également, à force de courage et de travail, faire augmenter son niveau, progresser, être décisif, accepter enfin de changer de registre parfois. Et, au delà de ses fulgurances, il restera à jamais l'homme qui aime son club.

Cette histoire est belle. Elle mérite de laisser une trace, à l'heure où le club va encore grandir, à l'heure où l'homme va tirer sa révérence (au moins dans un avenir proche). Il s'agit d'incarner une mémoire, qui au delà de la personne, représente les valeurs du Racing : la passion, le travail, l'humilité, le courage et rend également hommage à la valeur cardinale du sport dans le sens où avec de l'abnégation tout devient possible.

Il s'agit de donner visage à ce personnage mythique, rentré dans la légende de l'histoire du club, non pas pour l'ériger en héros, puisque sa portée dépasse largement le cadre de son histoire personnelle, mais d'en extraire une figure symbolique, presque abstraite.

Offrir aux spectateurs déambulant dans l'antre du club, avant de s'installer en tribune, un rappel de son histoire et de ses valeurs est un geste fort.

Une sculpture 3D, suffisamment détaillée pour qu'on le reconnaisse, mais suffisamment abstraite pour qu'on puisse également s'y identifier, s'y référer, spectaculaire sans être ostentatoire. Lumineuse, magique. 

Une idée, un symbole, un emblème. 

 

Visuels: Grégory Hébert


Projet pour le parking P3 des Halles Strasbourg (2022)

 

 

Le parking Wilson est accolé au centre commercial des Halles : c’est un point d’entrée au cœur de la ville. Cette construction de la fin des années 70 est massive et s’impose dans son environnement. Aujourd’hui, ce bâtiment fait l’objet d’un projet de réhabilitation permettant de le moderniser mais aussi de le faire respirer en lui donnant un nouveau souffle. En perçant une trouée verticale dans la structure actuelle, le parking se dote d’un atrium. Ce choix architectural fort va bouleverser à la fois les usages et la perception de cet espace. Le design du parking est également repensé pour souligner les particularités de la structure du bâtiment en y amenant de la couleur. L’ensemble a vocation à donner une nouvelle identité forte au lieu tout en conservant son ADN.

Mettre un geste artistique dans un espace si particulier revient à essayer de jouer avec ces différentes composantes : les souligner, les contredire, et introduire un décalage. Ce geste entre en dialogue avec les propositions de l’architecte et du designer et vient ouvrir une dimension supplémentaire à l’ensemble du projet. Si l’intégration d’une œuvre d’art dans un parking est une démarche encore assez inhabituelle, elle permet pourtant d’enrichir l’expérience de l’usager en ne limitant pas l’espace à son caractère fonctionnel et en lui donnant un supplément d’âme.

En cohérence avec l’usage du lieu et le projet de rénovation, l’intervention artistique prendra place dans le nouvel atrium, au cœur du parking. Cette percée, de 16m sur 23m (l’équivalent de 2 terrains de tennis !) sur 6 étages, est traversée de part en part par des poutres de béton aux couleurs vives. Chaque niveau constitue une tranche de 2m de haut. Le lieu est ainsi très fortement marqué par une horizontalité structurée formant des cases autonomes et communicantes. L’espace est paradoxal : à la fois très ouvert mais insaisissable dans son ensemble. Notre intervention s’inscrit dans ces points de vue particuliers proposant une vision multiple et parcellaire de l’œuvre. L’atrium devient un terrain de jeux dans lequel l’usager évolue entre les lignes de fuite des perspectives et l’apparition d’objets en suspension tel un gamer progressant dans un jeu vidéo de plateforme. Go to the next level.

The Cloud, ce sont 35 nuages (7 par niveau) disséminés entre le 1er et le 5ème étage. Chaque objet est une sculpture 3D de 90 cm x 55 cm x 45 cm, en PETG translucide et rétroéclairé, formé de pixels à l’image des illustrations numériques des premiers jeux vidéo. En écho aux suspensions, des nuages qui reprennent la même forme en 2D apparaissent de-ci de-là sur les murs intérieurs délimitant l’atrium. Un clin d’œil à la cyberculture, une référence drôle et décalée qui projette l’utilisateur dans un univers familier faisant de lui un personnage actif du jeu. Get in the game.

Chaque pièce est identique, finement ciselée : une combinaison subtile de pixels, un foisonnement de détails, une nébuleuse élégante. Le jour, la matière translucide donne de la consistance aux nuages tandis que la nuit, le rétroéclairage révèle leur caractère onirique. L’espace s’ouvre sur un autre imaginaire. Cette installation, tout en légèreté et délicatesse, vient alors prendre le contre-pied de l’esprit brutaliste du lieu et lui confère toute sa force et sa contemporanéité. Enter The Cloud.

Une installation qui apporte un souffle nouveau au parking Wilson. Une réflexion sur l’espace, avec une dimension ludique et artistique, qui ouvre un nouvel horizon. Entre jeu et poésie, air et lumière, rêve et matérialité, The Cloud est une invitation à l’imaginaire, une utopie.

 

Projet en collaboration avec Bénédicte Bach  

Visuel Grégory Hébert. 


Quartier Fischer Schiltigheim (2021)

Matérialiser une entrée de ville dans un quartier en reconversion est un geste fort. L'usine Fischer marquait la présence industrielle, identifiait la ville comme la cité des brasseurs. Accompagner cette mutation est pour un artiste, de surcroît local (habitant à deux pas de l'ancienne friche) une proposition passionnante, parce qu'elle opère une rencontre entre le passé et la mémoire d'un lieu et sa transformation.

L'idée de travailler sur cette friche avant sa démolition date de 2018. Dans la perspective d'élaborer un projet pour le site à la fin de sa reconversion, j'ai pu visiter le chantier au début des travaux, pour en capturer des photographies parmi les toutes dernières probablement, de ce lieu si particulier et réfléchir à une proposition d'intervention artistique.

Pour aller à la rencontre des sédiments de ce passé industriel, il faut un emblème, une signature, qui vient structurer l'espace et l'identifier. Un geste qui permet de voir ce nouveau quartier de loin. Donner un repère. Un phare. Une identité.

L'idée, est d'utiliser la cheminée emblématique du quartier, symbole absolu d'un passé industriel, et d'y rajouter une installation lumineuse, en faire un phare. Un jeu de lumière qui viendrait illuminer le nouveau quartier, l'ériger en symbole. Ce geste souligne la sérénité d'un espace aujourd'hui dédié à une nouvelle vie, un cinéma, une crèche, une mixité d'usages, qui le réinvente. Un quartier où assurément il va faire bon vivre. Lui offrir un écho. Une invitation.

Celle lumière cerclant le haut de la cheminée en rouge, forme un repère, un point d'ancrage. Il évoque également l'antre, la braise, ce doux symbole schilikois dont on perçoit les effluves boisées dans les froides nuits d'hiver. Un accueil chaleureux pour une entrée dans la ville.

Les leds présents sur le haut de l'édifice seront réglé de telle manière à ne pas perturber la quiétude alentours, à ne pas générer de pollution lumineuse et sont à très faible consommation énergétique. Sur les côtés du phare, se trouvent également des leds solaires qui tournées vers le bas viennent lécher et mettre en valeur cet objet patrimonial. Ce geste redonne une nouvelle vie à cette cheminée, témoignant de sa majesté passée, l'ancrant comme un point de repère cardinal aujourd'hui.

Plus bas, au sol, des images témoignent d'une réalité passée, elles identifient le lieu, en convoquent des souvenirs, des détails, des extraits lisibles dans un enchevêtrement d'images superposées. Il s'agit d'opérer des métaphores, des déconstructions- reconstructions qui interrogent la mémoire industrielle du lieu. Une allégorie fantomatique dans laquelle chacun peut s'évader. Il s'agit d'ouvrir un imaginaire, une extra-temporalité qui font se télescoper des empreintes différentes, des tags, des lignes graphiques, des courbes architecturales, de la lumière. Des traces avant le chaos, une mémoire avant la chrysalide du changement. Offrir une lecture poétique à cette histoire, en permettre une appropriation, et en laisser infuser la sédimentation. Provoquer une rencontre. L'inscrire dans une nouvelle temporalité.

Ces photographies s'inscrivent dans l'espace via des gravures sur du béton, se distillent le long de la promenade, directement implantées dans le dallage au sol. Le dispositif est pérenne et ne nécessite pas d'entretien particulier.
Les images interrogent, accompagnent, surprennent, émeuvent.

Une installation toute en poésie et significations, le phare est une rencontre, qui accompagne la philosophie de cette réhabilitation.

Une mémoire. Un guide. Un horizon.

 

Visuels Grégory Hébert.


Projet pour la ville de Château-Thierry et les 400 ans de Jean de La Fontaine (2021 non retenu).

 

Appel à projet pour la conception, la réalisation, et l'installation d'une œuvre monumentale sur les bords de la Marne, pour la Ville de Château-Thierry dans le cadre du 400 ème anniversaire de la naissance de Jean de La Fontaine.

L'idée d'un hommage à un grand homme par ce qui l'a rendu célèbre : ses mots. Il s'agit de jouer, d'utiliser 4 phrases célèbres, que l'on connait tous, et d'interpeller les passants dans une déclinaison inattendue. Prendre 4 aphorismes, 4 phrases de conclusion de ses fables, et les associer. Cela en détourne légèrement le sens, tout en soulignant le caractère ironique, acéré de la phrase et en souligne son irrévérencieuse modernité.

Des mots comme une signature. Un slogan. Un emblème. Un prolongement métaphorique qui vient se refléter dans l'eau et invite au sourire, à la réflexion.

Rien ne sert de courir
Tel est pris qui croyait prendre

Dansez maintenant

Adieu prudence

 

L'intervention joue aussi avec les époques, et le sens de la phrase sur le pont renvoie à l'histoire particulière de l'ouvrage. Dansez maintenant prend aussi un autre sens par rapport au contexte actuel. Une invitation à la convivialité, plus festive et joyeuse. Faire danser les mots. Une épure, un aphorisme poétique, une évidence.

 

Donner à voir, questionner, émouvoir. 

 


Projet pour L'industrie Magnifique

 

La forêt.

Une promenade au pied de la Cathédrale de Strasbourg, l'air est doux, le soleil irise la peau des passants flânant devant l'emblème de la cité. L'atmosphère est joyeuse, annonciatrice d'un été à venir. Partout dans la ville les œuvres colonisent les places. 

Au cœur de cet espace minéral qui souligne la beauté architecturale du lieu, se trouve une installation audacieuse et étrange. Une forêt de béton et de lumière invitant à la déambulation vient perturber la quiétude ambiante. Le majestueux mammouth, qui jadis avait fait couler tant d'encre et d'eau, s'est rendormi pour un millénaire.

Cette fois, la nature est convoquée, de façon sibylline et symbolique, et re-dessine la place. L'artiste, employant les savoir-faire des industriels, s'appuyant sur les différentes composantes de ses mécènes, interroge la notion d'espace urbain, joue de la dialectique nature – culture, et propose une allégorie ludique et décalée.

L'installation, comprenant une dizaine de murs en béton, gravés de motifs végétaux et disposés de façon labyrinthique en promenade, occupe l'esplanade minérale et vient discuter avec elle. Répondant à la beauté sculpturale de la place du Château, l'auteur signe un geste de bâtisseur. Dans la matière, des bandes lumineuses vertes, des fils de leds, viennent évoquer les lignes des arbres, et construisent une forêt imaginaire. Le geste est fort et renverse le procédé habituel du développement urbain qui habille de structure des espaces naturels. Ici, l'artefact réinstalle un ordre naturel au cœur d'un espace qu'il a depuis longtemps déserté.

Le jour, les détails dans la facture même de la réalisation, magnifient le savoir-faire industriel. La nuit, la lumière réinvente la lecture de la place, et apporte une touche onirique et magique à la ville.
La déambulation poétique structure le lieu, lui confère une respiration, ouvre vers un imaginaire. Des blocs en béton, installés comme en écho à ceux déjà présents sur la place, permettent d'y faire une pause, de rester au milieu de l'installation, de s'immerger : une alcôve à ciel ouvert. La vapeur des brumisateurs accentue cette impression d'apaisement et de sérénité.

L'oeuvre artistique détourne les codes de la construction, l'ouvrage réalisé n'a pas de vertu fonctionnelle, elle est là pour interroger, faire sourire, émouvoir.

 

Visuels: Grégory Hébert.

 


Projet pour le parking Wodli Strasbourg

Let's dance !

 

Le parking, un espace intermédiaire, une frontière, un univers à part entière. Un lieu de passage, une transition, une traversée.

Le parking Wodli, ouvrage monumental et architecturé, regorge de particularités qui en font sa spécificité. L'atrium, la rampe hélicoïdale, et la passerelle d'accès au quai caractérisent sa signature. Ces volumes, qui sont des gestes architecturaux forts, offrent des perspectives et font apparaître également des interstices vides. Y poser un geste artistique soulignerait le dessin du bâtiment, tout en lui donnant une identité propre.

Let's dance, c'est une invitation ! Offrir à l'usager une bouffée d'énergie, un flash de lumière, une pulsation de couleur. Rythmer la structure du lieu. Donner le tempo du moment.

Let's dance, c'est aussi un clin d'oeil à la pop culture, un bonbon acidulé, une étape festive et joyeuse.

Let's dance, c'est comme un refrain, un leitmotiv, une rave party. Une signature.

L'entrée côté gare, à l'extérieur, est matérialisée par des lumières qui soulignent l'espace latéral dans toute la hauteur du bâtiment, graphique et coloré. La gradation de la couleur accompagne l'ascension. On monte le son.

La fête se poursuit dans l'atrium. Une rythmique lumineuse, verticale et saccadée, structurée. Une suspension vertigineuse. Un beat. Un battement de cœur.

Sur les murs latéraux, une écriture, des slogans, des éclats. A chaque étage sa note. A chaque étage ses mots. A chaque étage sa couleur. Un fil conducteur.

La rampe hélicoïdale se transforme en piste de danse. Le tempo s'accélère. Les lumières se croisent. Les couleurs se déchaînent. Une montée d'adrénaline.

Cette installation détourne les codes habituels des parkings. Elle contraste et joue des structures. Elle mêle la lumière à la matière. Elle donne au lieu son habit de fête. Elle instille un zeste de folie dans le quotidien. Rayonnant, dynamique et ludique. Flash et fun !

Let's dance, un tourbillon, une sensation, une hallucination jubilatoire.

 

Projet conçu avec Bénédicte Bach. 

Visuels : Gregory Hébert


Projet Check point Parking gare

Checkpoint

 

Le parking, un espace intermédiaire, une frontière, un univers à part entière. Un lieu de passage, une transition, une traversée. Ici, le parking se décline en deux entités différentes, qui s'inscrivent néanmoins dans une même fonctionnalité. Dans le dépose minute, il est question de retrouvailles, de séparations, d'un espace de transit, d'un mouvement continu, collectif.

Dans le parking à vélo, il s'agit de modularité des transports, d'une ponctuation, d'une étape, individuelle. Les deux espaces n'interviennent pas dans la même dimension mais s'inscrivent dans le même cadre. Ce sont des lieux d'allers- retours.
Ce sont des parkings souterrains, d'un seul niveau, concomitants à la gare. La dépose est rapide, le temps est compté. Ce sont des espaces fermés. Un point de jonction.

Checkpoint, la rencontre avec les autres et avec soi. L'émotion.
Il y a plusieurs points de jonction: elle s'opère d'abord sur un mode émotionnel. Ce lieu va matérialiser une distance entre des êtres proches et chers ou en cristalliser les retrouvailles. Un lieu d'urgence des sentiments, un lieu à saisir, un moment concentré, une immédiateté. Une histoire qui s'écrit au présent.
Ensuite, c'est une frontière avec un ailleurs, plus ou moins lointain. Un lieu de départ, un lieu de retour, un lieu d'ici au goût d'ailleurs. Un espace de transit. Un intervalle. Un carrefour.

Checkpoint, c'est un geste artistique, des points de repère aux points de passage, des traductions plastiques à ces problématiques.
Le premier point de passage évoque Strasbourg la frontalière et son histoire particulière. A l'entrée et à la sortie du dépose minute, cette frontière est matérialisée par une déclinaison de personnages identiques dans des uniformes incarnant l'autorité ferroviaire des deux pays. Un clin d'oeil à l'histoire, un brin surannée, qui évoque bien sûr un autre lieu emblématique.

Le second point de passage insiste sur l'émotion du moment, sur le sentiment. « Just a kiss », le temps de la séparation, du dernier baiser, le temps des retrouvailles. Ici l'histoire se répète, elle est plus intime, charnelle, universelle.

Plus loin, dans le parking à vélo, c'est une autre histoire qui se joue. Une histoire individuelle. « Souriez, vous êtes filmé ! » est une mise en abîme. Un face à soi. On rentre dans un lieu sous contrôle, un lieu où l'on laisse son vélo pour prendre un train, une étape dans un périple quotidien. Le film joue de ces répétitions à l'ère de la vidéosurveillance. Il transforme ce geste banal, en acte héroïque, il transforme l'usager en acteur hollywoodien. Un artefact qui crée le décalage.

 

A la sortie de cet espace, vers la gare, cette transmutation est matérialisée par une autre vidéo qui décuple le point de vue. Là encore, il s'agit de jouer d'un acte ordinaire et d'en créer un artifice. Une distorsion. Une altération du temps.

Checkpoint, c'est une autre façon d'interpeller l'usager, dans un mode humoristique et décalé, en détournant les codes de la publicité. Une théâtralisation de la réalité. Checkpoint , un carrefour, des fictions, des émotions. 

 

Projet conçu avec Bénédicte Bach

Visuels: Gregory Hébert


Perspectives poétiques N:21 pour L'industrie Magnifique 2018 (Réalisé)


L'antichambre projet pour la place Mathias Mérian Strasbourg

Un lieu.

 

A quelques encablures de la Cathédrale, la place Mathias Mérian est dans l'ombre des espaces environnants. Une sorte de square, enclavé, peu identifié, qui souffre d'absence de visibilité et n'a pas de fonction précise. Depuis 2017, cette place arborée abrite un jardin participatif mais peine à renouer le contact entre les différentes composantes de sa population tout au long de l'année. Pourtant la proximité de l'école Louis Pasteur, dans un quartier vivant avec des commerces, des habitations, des lieux de culture, en fait un site qui recèle des potentialités.

Au delà d'un environnement immédiat, elle se situe sur un axe qui mène de la Krutenau à l'hyper centre et dans une perspective de réhabilitation des quais, elle risque de détonner. Il semble donc important de redonner, au-delà des fonctionnalités du lieu, un caractère symbolique fort, une valeur, une identité.

Un projet.

Le rôle des artistes dans une société est de proposer un questionnement, de donner du sens, de contribuer à une identité. L'inscription d'un geste artistique dans l'espace public fédère et symbolise, l'investit dans une autre dimension en lui donnant une valeur ajoutée.

Plasticien, mes interventions consistent à montrer une poésie là où on ne l'attend pas. Il s'agit de tisser des liens, construire des passerelles, faire se rencontrer des univers, provoquer des émotions.

La place Mathias Mérian s'apparente à une alcôve dans l'ombre de la Cathédrale, une antichambre. Elle constitue une étape, un trait d'union avant la transcendance. Elle mérite donc un geste fort, symbolique, signifiant.
La proposition est de faire de cette place une
allégorie de la Cathédrale, d'en faire un écrin, de lui redonner du lustre. L'installation est aussi un hommage à Mathias Mérian, graveur. Elle s'ancre dans un patrimoine tout en revendiquant son identité. Une métaphore poétique.

Du béton, des mots, de la lumière au cœur de la place. Un contre-point du lieu le plus emblématique de la ville. Des lignes, des empreintes, une émotion.

 

L'installation fonctionne dans une double dimension : l'une, posée au sol, structurée, inscrite dans le territoire, l'autre, en filigrane, lumineuse, dessinant l'espace. Elle crée ainsi un lien entre passé et modernité, entre majesté et sobriété, entre élégance et discrétion, et redonne ses lettres de noblesse à cet espace isolé. La place devient L'antichambre de la Cathédrale. Un espace de vie, intime et calme, une respiration offerte aux riverains, une bulle dans un environnement foisonnant.

Au sol, une structure élancée à trois côtés, en béton d'environ 1 mètre de large sur 3 mètres de haut s'enracine dans le lieu. Sur chaque face, des détails de l'architecture de la Cathédrale sont gravés directement dans le béton et soulignés par une lumière de type néon-led blanche dans une diagonale ascendante.

Pour accompagner la délimitation de l'espace destiné à des usages multiples, des lignes lumineuses soulignent les marches (sur un niveau) et dessinent le carré de la partie basse, au milieu de laquelle se trouve la sculpture. L'installation contribue donc à la lecture de la place.

Sur le côté longitudinal (nord), une transversale de dalle en béton avec des mots gravés (travaillés en concertation avec les habitants du quartier) permet une appropriation des riverains associés à la construction poétique du projet. Des mots, comme des emblèmes, rythment le passage au sol, accompagnent l'implantation des arbres.

L'antichambre est un écrin, une allégorie, une poésie. Des mots, des photographies, de la matière, de la lumière. Elle accompagne la restructuration architecturée de la place en lui donnant une symbolique, un geste artistique fort, contribue à la valoriser et à l'inscrire comme un lieu identifiable et particulier, lui donne un sens.

Cet écho crée une résonance qui ancre la place Mathias Mérian dans un territoire vivant, cosmopolite et populaire
tout en l'ouvrant vers un ailleurs lumineux, métaphorique et joyeux. 

Visuels: Gregory Hébert


Installation pendant l'exposition "Extraits du Saulnois" au musée du sel  (Marsal 57) en 2008. Un néon de 4 x 4 mètres sur la façade du musée qui reprend les codes de la dernière image de la série photographique. Qu'est ce qu'un paysage? D'abord une lumière...